Je fais comme si j'avais tout effacé, comme si ça n'avait jamais existé, comme si j'avais fait semblant tout ce temps, rien que pour vivre à ma manière. Un côté gamin, l'autre trop vieux, et associer les deux ça a donné ça.
Je suis une capricieuse qui a eu tout ce qu'elle voulait, qui voulaitci, qui voulait ça, et en plus demande confirmation, pour pas se tromper, pour être sûre de ce qu'elle ne rate pas, et pour qu'on la voie avancer/se tromper. Pour qu'on la voie se prendre la tête dans le mur, le nez en premier, pis le front. Pour qu'on la voie, pour pas qu'on l'oublie, pour n'exister qu'aux yeux des autres, pour n'exister que par un état.

C'est comme un jeu, un grand, avec plein de rôles, comme dans Matrix. Des fois j'aimerai tellement que tout ça ne soit pas réel. Mais on n'est jamais sur de rien, alors ça se trouve je ne suis pas réelle, malgré ce qu'on peut croire. Après tout, le héros s'est bien cogné, dans la réalité d'ici.

C'est hop ! je joue une mauvaise carte, alors je passe treize tours en prison, pis on change de jeu. Oui, je change de jeu. Comme un choix, surtout comme un jeu léger et inoffensif. Attrayant.
On efface tout et on recommence.
Sauf que j'ai dejà commencé depuis longtemps. C'est pas nouveau, je suis déjà passée par cette case.

Mais moi je veux pas que ça tourne, je veux pas que ce soit rond, je veux que ce soit droit, pour avancer, et pas tourner en rond.

J'oublie et je continue. C'est ça, le truc. Faire poisson rouge, et continuer. 2 secondes de mémoire et on continue.


J'ai décroché mon heure du mur, je l'ai tué. Elle tournait.


Je vais faire un arrêt. Cardiaque, peu importe. Je vais prendre la porte de derrière, comme t'as dit, on fait semblant. Pour sortir d'un cercle faut foncer à toute vitesse, et comme dans une artère le sang fini par faire une boule, pis une hémorragie. Moi je veux faire une hémorragie dans ma vie, et je veux aller droit, pas en rond.
Parce que tourner en rond sert à rien. Même si c'est pour mieux comprendre, ou bien avancer en spirale.
Tout laisser loin derrière. Tout. Ma vie. Amnésie totale.
Bien sur y a plein d'inconvénients, mais depuis le temps qu'on y pense, je le ferais bien, et j'oublierai tous les gens que je connais, tous les soucis, tous les trucs du passé, tout, un trait tiré, un en gras, tellement qu'on verrait rien de ce qu'y a marqué dessous. Un trou noir.
Et hop, c'est reparti, et peut-être que cette fois, ça sera mieux.

C'est Einstein qui a défini la folie comme l'attente d'un résultat autre alors que faits sont les mêmes.

Est-ce qu'une vie peut être autre malgré les mêmes connections dans la tête ?
Ha ha, espèce de folle.

J'ai la tête chaude.

On est en septembre et j'ai la tête chaude. Je voudrais effacer tout. Je voudrais oublier tout, et que tout m'oublie, et que tous m'oublient. Et si ça marche pas, je voudrais tuer tous ceux qui refusent de m'oublier.  Et si ça marche pas, je ferais semblant d'être morte, et à côté je rigolerai et ça sera toujours ça de mieux.
On est en septembre, ça tourne trop vite.