Je me sens observée de partout. Beuh, c'est normal.

Je me sens comme deux miroirs face à face qui se reflètent à l'infini. Juste de l'apparence.
C'est comme avec le traitement, oui après je rit et je suis contente, mais au fond ça a pas changé, au fond c'est fade, au fond y a pas d'interêt, au fond c'est vide de sens.
Même si je souris et je parle plus facilement des fois, et je pars dans des délires en parlant, pour occuper l'esprit, (ma mère a peur de mes délires, je suis dangereuse) pour occuper l'esprit pour essayer de construire quelque chose de solide sur cette apparence chimique.
On me dirait ça je rigolerai. Je dirai, "ouais c'est ça, vas-y, construis un immeuble sur du sable, vas-y essayes". Le pire c'est que c'est vrai. Mais j'y crois. (parce qu'il faut, et parce que tout le monde autour croit à quelque chose, et puis croire c'est espérer et espérer ça fait tenir le coup.)
Je disais que je suis vide, de croire en quelque chose que je pourrais faire.
Mais j'ai pas envie de continuer comme ça, c'est presque encourager un cercle vicieux, ne rien faire contre, et se laisser porter, et ne pas trouver d'équilibre, ça se trouve y en a pas, ça se trouve c'est une société de déséquilibrés, ça se trouve y a rien non plus de vrai au fond, derrière les apparences, ça se trouve ils font tous semblant, semblant de croire, semblant de vivre, et ils sont contents de faire semblant et de vivre comme ça, en faisant semblant.

Je me sens hypocrite. En vrai.

Parce que malgré le chimique, dans moi ça a pas changé grand chose, juste un truc comme ci comme ça, mais le fond il est le même. C'est peut-etre que le temps est pas passé assez vite, c'est peut-etre que c'est encore trop tôt, c'est peut-etre qu'y a autre chose encore.

Je suis fatiguée, j'ai envie de dormir, je suis fatiguée de vivre tous les jours les mêmes jours, qui se ressemblent, et qui sont fatiguant de bosser 10h, de rester éveillé surtout, de faire ci et ça, et d'entendre qu'il me reste encore du temps et que je pourrais bosser encore dans ci ou ça, toute la journée et toute la nuit, oui pour pas que je m'ennuie et pour avoir de l'argent quand je serai au chômage, mais qu'importe mon état de santé, le plus important pour eux c'est l'argent, peu importe l'équilibre, y en a plus.
Les jours se ressemblent, le lundi ressemble au mardi, le mardi au mercredi, le weekend ressemble à la semaine, faut se lever, faut faire ci et ça, parce que j'ai l'impression que je suis seule à tenir la maison ici et que tout repose sur mes actes. Les actes c'est du faux, regarde moi c'est du faux la cuisine, c'est du faux l'argent, c'est du faux de ranger de faire ci et ça, mais on comprend pas que c'est faux...

Je sais plus quel jour on est. Je comprends pas comment les gens vivent. Comment ils arrivent à être heureux avec une vie comme ça. Ca se trouve les autres ont pas une vie comme la mienne.

Je voudrais que ça rime à quelque chose, tous ces mots, mais leurs définitions sont tellement minimes que j'ai l'impression de mentir. Je perds le sens des valeurs et des mots.
Mais c'est pas grave, l'important pour eux c'est pas ce qui est important pour moi, pour eux ce que je fais est important, tout ça tout ça. Si je ne fais pas quelque chose c'est un drame. Et eux, ils ne font rien, c'est un drame ? non, l'homme ne sait pas juger impartialement.

Moi je voudrais juste me reposer un peu. Reprendre des forces, et peut-être, pourquoi pas, me travailler un peu, analyser encore et me sortir la tête de l'eau, toute seule, parce que les autres c'est eux qui me l'ont mises sous l'eau.