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Le jour se lève, ça vous apprendra.
T'as déjà tué quelqu'un ?
--> Non, parce que tu me saoules, là, et que c'est facile de suicider quelqu'un..
Mais pourquoi toi, tu sors pas ? pourquoi c'est moi qui doit sortir ? pourquoi toi tu me pompes l'air quand je suis là, que je devrais sortir plus souvent ? Toi, t'en as besoin, prends l'air, tu ne vois que les murs toute la journée.

Sortir est un luxe que je ne mérite pas, pour ma part. Sortir, c'est pour être paisible. Sortir, même acheter du pain, je me sens coupable d'user de ce plaisir, qu'est de sortir, de voir le soleil, le ciel. Je mérite pas d'avoir la chance de sortir. Mon rôle est de servir à la maison. Et tout.


Aujourd'hui on m'a obligée à sortir, parce que d'un côté j'avais des papiers à remettre à pas très loin la mairie, pis aussi parce qu'à la maison c'est comme c'est, pis voilà.

Je me suis retrouvée sur un banc face à la Seine. En pensant à Rouen, et au Havre, et ça se trouve la Seine les connait. Je pensais aux vagues, qui vont, qui viennent, qui entraînent, qu'est-ce que j'aimerai pouvoir être entrainée comme ça par des envies, des motivations, ou même des potes. J'ai regardé les ponts, à gauche, pont-neuf en rénovation, pensant à des choses futiles, me posant des questions ridicules sur la canicule et le trop de pluie, les taches de calcaire sur le pont. Le calme de l'eau.
Pensive, donc. Occupée, autrement dit.
Un type d'une trentaine d'années demande l'heure, non-j-ai-pas. Je suis parano sur ça, j'ai peur qu'en sortant mon portable il me le pique en courant très vite et que je m'en rendrais même pas compte qu'il sera deja loin loin.

Pis conversation, ça va ? je te dérange ? tu penses à quoi ? Tu as de beaux yeux et j'aime ton sourire. Mouais. Tu fumes, non, le jour où je fumerais je me tuerai, ah bon, et le monde j'en ai marre, ouais moi aussi, pis là j'attends ma réponse pour le dossier envoyé à la mairie, ah moi aussi, je l'ai déposé tout à l'heure, j'aimerai être capitaine, vivre en bateau, pis le Canada ça me tente bien, mais là je bosse pas, au fait c'est quoi ton prénom ? Viens on va marcher un peu, c'est plus calme là-bas.
Après le mec il me prend pour sa copine. T'as de beaux yeux, j'aime ta gentillesse, tu me plais, bla. T'aimes bien quand je te caresse le dos ? non, j'aime pas quand tu me caresse le dos. J'aime pas quand on me caresse, ni le dos, ni rien. Ah bon ? arrête de te fiche de moi. J'aime pas les massages. J'aime pas qu'on me touche. Ah bon. Je peux poser ta tête sur ton épaule ? Hmm s'tu veux. Non mais j'aime pas quand on me touche la main, après c'est moite, j'aime pas. Non, discute pas, j'aime pas. Bon ta main sur l'épaule, elle me gêne mais je dirais rien. Non, m'embrasse pas, même sur la joue, je veux pas, le bisou c'est pour bonjour/aurevoir, sinon c'est trop intime, et je veux pas, c'est tout. Cherche pas à me comprendre.
Rooo mince je les connais les gens là qui viennent de passer, pis ils se sont retournés, viens on s'casse, ils ont une bonne influence sur pas mal de gens, et les commérages. Non je m'en fous pas. Non, je m'en fous pas. Toi, tu t'en fous, pas moi. Oh pis pense ce que tu veux.
Viens on se casse. On va où ? Loin. Loin d'eux, dans le sens contraire.
Allez fais pas la gueule. Mais je fais pas la gueule, je suis préoccupée. Pourquoi ? Par ses gens.
Viens on va boire un truc. Ok. Tu prends quoi ? Un café. Hum. Bon. Pareil.
On sort ? regarde-moi dans les yeux on va jouer à celui qui tient le plus longtemps sans sourire ni rire. D'accord. Arg j'ai perdu. Mais arrête de parler tu triches et tu me fais perdre. Pis je peux pas regarder longtemps, ça sèche mes lentilles. Ouais c'est mes vraies couleurs, c'est juste pour pas porter les lunettes. Non, on recommence pas, tu triches.
Tu penses à quoi ? à me noyer. Oh mais non arrête ! Me fais pas ça ! (il me tient dans ses bras)
Bon on bouge, viens. Pis y a encore le soleil, il fait pas tard.
Oh, écoute ! C'est de la flûte de travers ! J'adore ! Ouais attends j'peux plus tenir, j'vais pisser..
Je lui donne 1 euro, il est beau, il est bon, et c'est magnifique.
On va se poser dans un endroit calme, regarde là. Mais ça sent la pisse. Moi je sens rien. Bon, on bouge de 10 mètres. Ok. Oh ben le soleil va bientôt se coucher.
Viens, j'ai envie d'écouter la musique encore. Merde il s'arrête, il a tout rangé !
Excuse moi, est-ce que tu pourrais jouer encore s'il te plait ? Je te donne deux euros, y a pas de soucis.. Choisis ce que tu veux jouer :)
L'autre, il se casse, il dit bon ben je m'en vais, ok d'accord, c'est vrai ? ben tu fais ce que tu veux, moi je reste là, ok, je m'en vais alors, ok d'accord, salut, a bientôt. (C'est vrai que je suis sèche et dure, parfois..)

Intervale musical. Mieux qu'au téléphone en attente. Beaucoup mieux. Je me pose à ses pieds presque, sur le bas de la colonne. Ses doigts qui chantent, qui dansent.
Dix minutes. Il est beau, il est jeune, a l'air sérieux, donne tout son être pour jouer. Puissance des notes, couleurs de sons, larmes aux yeux, passages rassurants. Sourire. Beauté, beauté, beauté. Merci, merci de m'avoir fait plaisir comme ça. Tiens, quatre euros. Je peux te faire un calin ? Un calin ?? Il est étonné. Oui, tiens. Serre dans les bras, merci beaucoup. Bonne continuation.

Je pars, en marchant lentement, seule, sans l'autre, essayant de garder la musique le plus longtemps au fond de moi, tout en m'impreignant de celle qu'il continue de jouer, ou des parties qu'il s'entraîne.
Je me retourne, il me suit. Ca se trouve c'est pas moi, s'il regarde dans ma direction c'est que c'est un pote, ou je sais pas. Je continue, il vient vers moi, j'en suis sûre. Dis, ça te dirait qu'on aille boire un verre pour les quatre euros que tu m'as donné ?
Waw. Le coeur qui fond. Ben, là je peux pas trop, je dois rentrer... (en vrai je tremblais de manque). Ca va ? t'as l'air toute tristounette. Oui, ça va bien mieux, avec ta musique, des parties où ça monte dans toi et ça déborde par les yeux... Une autre fois ? Dis moi quand t'es là ! A partir de 18h ? Ok, je retiens. T'étudies quoi ? Pour faire prof de musique. Je te promets, une prochaine fois, merci pour tout, vraiment. Bisous avec les bras.
Le coeur qui fond, les étoiles qui brillent, dans le ventre, dans le coeur, dans les paupières.

Pour rentrer je me suis perdue dans ce quartier que je connais. On joue aux fléchettes avec comme cible mon coeur et on touche le creux.
Troublée.

En rentrant c'est la fête au bar d'à côté, je m'assois sur le muret, je regarde, ça m'occupe, je tremble aussi depuis un bout de temps, manque. Gloups, un. Gloups, un. Gloups, un. Ca va mieux, mes dents se touchent plus. J'ai fini la plaquette, elle s'est cassée en deux, en diagonal. Piquant. Tranchant.

Alors j'ai culpablisé d'être sortie, d'avoir eu ce bonheur, et j'ai appuyé fort du côté où ça fait mal. Mais ça suffisait pas, ça suffit jamais de toute manière, il en faut toujours plus, encore et encore, sur le coup, plus haut sur les bras, oui on me voit, mais d'en bas, moi je les vois de haut et je vois ce que je fais, et personne voit.
Ca picotte.
Ca pourrait devenir une oeuvre d'art.

Pis j'ai pris rendez-vous pour un psy..
Soufflé par Delirium, le Mercredi 27 Septembre 2006, 22:12 dans la rubrique "Actualités".
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