Toutes ces questions qui fusent de partout "t'es enrhumée ?" "t'as mal quelque part ?" "t'as faim ?" "qu'est ce t'as ?" (Bordel qu'est ce que t'as. Bordel.)
Tout va bien, je parle à ma mère, je l'appelle jamais "maman", je trouve ça trop personnel et trop vulgaire en même temps.
Tout va bien. Tout va très bien.
Hier on a mangé du poisson sans arrêtes, j'ai eu du bol j'en ai trouvé 5 dans ma part.
Je me suis rendue compte que toute cette journée j'ai porté un teeshirt à l'envers, avec l'étiquette devant.

Heureusement qu'y reste les weekends pour reprendre des forces, hein, ailleurs, loin d'ici. La semaine je mange pas trop, l'acide monte trop vite dans la gorge, je mange une fois par jour, je digère tout doucement, ça me suffit, on me dit que je ne fais rien alors c'est pas dangereux, ça me suffit, mais non je tiens plus trop, la spirale se ressere, comme approcher le centre d'un ouragan, mais tout va bien, ce soir je vais bien dormirje me sens partir d'ailleurs, j'arrête pas d'y penser, une obsession que même à 1000000km j'arriverai pas à fuir.

Mais tout va bien, je gère, je dégère, sans fin, mais l'important ne bouge pas, ou bouge trop, bref je pige plus rien pourquoi comment qui où, l'important c'est donc moi mais je baille forcément, forcément, mes mots je les pèse, je contrôle malgré tout, je pense au final sans lettre, sert à rien, l'important est passé c'est trop tard pour tout le monde, la date me revient, comme elle me nargue et eux aussi, sans le savoir pourtant, mais je le crois pas, j'aimerai etre aveugle s'il vous plait, restreindre ma liberté au minimum et trouver les portes cachées, la différence se paye, se détruire c'est une forme d'art qui m'apprivoise plus que l'inverse, je n'ai pas peur je suis curieuse du résultat, mais ça ne se dit pas, à personne, à personne, à personne, j'ai rendez-vous demain, je bloque d'avance, les mots parlés sont dérisoires, désimportants, ils s'oublient dès l'écoute, demain je parlerai de cette nuit que j'aurais bien dormi, je filerai ensuite chez le généraliste lui dire que ça passe plus qu'il continue de me donner les petites pillules, les petites plaquettes, je décorerai mes idées avec des "franchement " "ouais grave" "oh oui c'est génial" 'trodlabal" et autres conneries du genre, la déco du langage qui marche à tous les coups pour ne pas trouver de fadeur et j'arreterai de pleurer, j'arrêterai et je me noirais sous la pluie dans un grand bol d'eau de thé, plus rien n'a d'importance, combien, je sais pas, j'ai pas compté, combien, je sais pas, j'ai pas réfléchi, combien, je sais pas, autant de litres qu'y a dans la Seine, ou peut-être moins, ou je parle du Nil et des chutes du Niagara ou de la pisse, combien j'en sais rien du tout, c'est pas encore fini, combien je sais pas, le nombre n'a d'importance que s'il en reste trop peu, et tant pis pour ce concours si on m'envoie Là-Bas, dans le Sud ce sera beau, elle m'a parlé de réinsertion, oui au début deux heures par jour, puis on va faire boulangère et enfin artisan, je voudrais décorer les dents des gens et les malaxer à ma manière, les assomer, anesthésier par la dent la gencive et tout le cerveau, le temps de faire l'artiste, le temps de fuir et de cesser de fuir.

Dans le fond, rien n'a réellement changé.