Retour du théâtre, que la future-ex-coloc m'a invitée en début de semaine et j'ai pas dit non, elle prit ça pour un oui. Ben c'était nul. Non, on dit pas ça, on dit "j'ai pas aimé", on dit pas "c'est nul". Mais quand même, même si ça se dit pas... Arf.
Pas assez de temps pour parlotter de tout et de rien, surtout de tout. La station arrive, on s'arrache de force pour ne pas être collées l'une près de l'autre, comme deux chewinggum machés en même temps dans la même bouche.
Le retour en force avec ma jupe et mes chaussettes rayées, dans la rue personne m'apostrophe, c'est agréable de serrer le poing fort pour rien, juste au cas où.
Un petit tour vite fait sur l'ordi - mon mien payé avec mes sous, précision importante - je remarque qu'il y un TAS de miettes dans le clavier. Effet jalousie, je sens que je vais enguirlander quelqu'un demain matin - midi plutôt. On abime pas les choses des autres, quoi ! On te prête alors t'en prends soin, c'est pas compliqué ! C'est pas parce qu'on a quelque chose quelques temps qu'on peut considérer qu'on le mérite pour toujours ! Jalousie pas trop, c'est injustice plutôt. Je dessine pas sur les murs, je casse pas les meubles, ni les assiettes, ou alors je rembourse, je suis pas chez moi ici. Et malgré tout, on vient et on m'abime ce que j'ai à moi, rien qu'à moi, et que je prête naïvement. C'est pas la première fois. Mais à chaque fois je pardonne. La prochaine fois je le fermerai avec des chaînes et j'y mettrais un cadenas, puis un mot de passe pour pas que windows marche.

J'ai des mails en retard.
Je me sens plus légère, depuis que ma mère travaille. Mais c'est pas pour longtemps, parce qu'elle a une intervention chirurgicale, nom politiquement correct donné à opération. C'est stupide. Genre, ça choque. Pour un mois, tout ça. Encore. Mais ça va être les vacances, alors je sais pas comment ça va pas se passer, tout ça. Peut-être même que c'est pas moi qui remplacerai le poste de gardienne d'immeuble. Ou encore concierge. Peut-être que c'est ma copine qui a un cancer qui va remplacer. Ma copine elle a un cancer, depuis hier. Le monde s'écroule à peine. Mais c'est normal, maintenant, d'avoir un cancer, c'est même une obligation, c'est la règle, un cancer par vie au minimum, mais tu verras la génération suivante elle en aura deux, etc. L'anormalité devient normale, c'est pour ça qu'on accepte de plus en plus de choses dans la vie quotidienne. Puis pour des trucs on a pas trop le choix, faut accepter, pis là on parle d'ouverture d'esprit. Si c'est ça, moi je veux être associale, fermée, scellée d'esprit, et ne pas être malade. Mais, c'est le prix à payer pour vivre dans ce monde ouvert d'esprit.

Le dentiste qui coûte cher, mais ça va quand même parce qu'il m'a baissé le prix de 30 euros parce que je suis une "petite jeune", il me dit que je suis trop jeune pour prendre des anxiolitiques pour les muscles. Je lui ai rien dit, j'ai ri. Alors il me menace de me faire des "injections" de Botox (r) (injections, parce que ça fait plus professionnel que "piqûre"), il menace mes muscles en fait, mais ça a un effet sur moi, parce que je suis réceptive aux autres, à ce qu'ils disent, même à mes muscles, même si c'est à cause de ça que je sens pas la douleur, je la nie, mais c'est pour mon bien. Même si ça finit chez le dentiste. Mais c'est pas très grave, pis si je prends les comprimés ça va mieux. Le Botox (r) ça va paralyser le muscle et ça ira mieux, mais je me trouve trop jeune pour en prendre, parce qu'il a dit que si on l'utilise y aura plus rien d'autres à utliser si ça marche pas. Alors je suis sage, je fais mes mouvements de bouche et en un mois ça va aller mieux et on n'utilisera pas le Botox (r).

J'ai le nez qui coule, pis dans le saupalin qui fait mal au nez des fois je retrouve des cadavres de mouches, alors je plie en deux le saupalin pour que le cadavre soit vers l'intérieur, pour pas le toucher le gêner, pour pas qu'il me touche. Pis je me mouche tout le temps, pour pas que ça reste coincé dedans et que ça pourrisse en dégageant un odeur de vermine morte, je préfère me moucher toutes les cinq minutes, quite à gêner les gens autour de moi, mais comme y en a pas beaucoup, parce que chacun sa vie, et si chacun sa vie, chacun ses soucis, et chacun tout à chacun et faut pas toucher c'est pas à toi, mais faut bouger les choses, même si c'est pas tes affaires faut y toucher, faut même harcerler les gens, jusqu'à ce qu'ils te répondent à tous tes efforts, et ensuite ton besoin il devient plus grand et plus important à tes yeux alors tu continues, mais c'est comme dans le livre, au bout d'un moment tu t'arrêtes.

J'ai fais plein d'erreurs aujourd'hui, mais je sais pas si on doit les comptabiliser, et jeter sur l'autre en lui répondant sur ces erreurs à lui. Je pense pas, mais tout le monde le fait. Mais tout le monde le sait que personne n'est parfait, et comme si ça les amusait, ou comme si ça les arrangeait, d'être sûr de pas être les seuls à râter. Puis y en a qui cherchent la petite bête. Forcément. Qu'ils se cherchent des poux à eux-mêmes d'abord. Ensuite on pourra discuter.
J'ai fais plein d'erreurs, et j'ai un peu peur de sa réaction, à ma mère, demain. Les hypothétiques reproches. Oui, le demain est hypothétique, donc tout est une hypothèse. Une hypothèse fiable, constante, malgré tout. Les hypothétiques reproches pour se cacher derrière ses miettes sur l'ordi.

Bon, c'est tout.