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Le jour se lève, ça vous apprendra.
La Reine se meurt.
"Ca ne fait que onze jours depuis votre dernière ordonnance, je suis désolée je ne peux pas vous la renouveler. Venez en fin de semaine prochaine?."

C'est très vilain, ça. Je te parle plus. D'accord, je viendrai en fin de semaine prochaine.Pour avoir ma dose.

Nan, parce que j'ai envie de me défoncer la tronche ce soir, c'est le temps, on confond automne-printemps, on sait pas, on est pas sûr, il y a quelque chose, un manque de vitamine C, du café, une chaise, un mouton, une supernova quelque part qui bloque tout ça. Ca se fait gratter la peau, la chair, le muscle, jusqu'à l'os.Et même derrière l'os.

Faut pas dire toxico, bonhomme, ça se raie, ça n'existe plus, ce mot. Et puis c'est vrai. Et le Chiatre est pas bête, il sait ce qu'il écrit. Et quand aussi.

Alors la pharmacienne m'a donnée une boîte de chaque molécule, "pour le weekend et le début de semaine". Parce que j'ai envie de mourir guillotinée si je n'ai pas mes cachets dans le sang, dans la bouche, dans la poche. La chimie est mon pain, mon sucre, mon bonbon, ma caféine du matin, mon objectif dans la vie.

Le Chiatre ne m'a pas écouté, il me coupait et finissait mes phrases et ça faisait des choses horribles, de la frustration dans le Corps, et il m'a pendu avec son papier jaune, mais j'ai juste voulu dire que ça allait pas, mais j'ai vu dans ses yeux qu'il l'avait lu. Je suis restée cinq minutes chez lui. Alors j'avais envie de le cogner pour qu'il ne me refasse pas ce regard de déchéance, habitué, comme au bar, les habitués.
Je lui en veux de pas me nourir de chimie à chaque repas. Je lui en veux de pas m'enfermer. Je lui en veux tellement que je ne lui montrerai un grand sourire fier, et deux-trois petits mots pour rire. Et ça marchera. -j'ai des médicaments usés, pas finis, je veux les finir ce soir.

Je suis sortie j'avais envie de courir pour faire tomber ces poussières sur les épaules et la tête, faire tomber dans le vent toute cette horreur de radinerie, de crimes invisibles, de viols de toute sorte, je suis partie en me dépêchant pour avaler avec du thé ces petits bonbons. Et je vais manger mon mensonge.

Je me sens hargneuse, je veux me faire mal, je veux m'étouffer, couper les artères et crever. Je voudrais que ça se voit, je voudrais que ça se devine, j'ai besoin d'aide. Des larmes, je n'en ai plus, la chimie bloque les larmes et tue tous les poissons vivant dedans, dans le bocal de ma tête. Il ne me reste que les couteaux pointus, ô comme c'est dommage, pardi !

Il faut que je fasse, que je commence, que je finisse une belle crise d'asthme, une énorme où ma vie serait en jeu. Je veux des perfs de chimie constantes, que tout ce qui défonce, j'en veux encore, j'en ai besoin, c'est mon sang, mon talon d'Achille, ma faiblesse qui se meurt. Je voudrais qu'on me shoote et que je ne m'en rappelle que par bribes. Qu'y ait du brouillard, de la neige dans mes yeux et ma tête.

Mais Eux, les Autres, ils voient la situation à l'envers. Ils ont tort mais purée ils sont derrière la vitre miroir déformante, ils disent que c'est mieux pour vous mademoiselle. Ils réduisent les gouttes, les comprimés, ils veulent tout enlever, mais là je suis pas d'accord, je suis une grosse truie matérialiste, j'en veux encore et encore, je veux arriver à l'hôpital où personne n'est clean. Je veux finir mes jours là-dedans. Je veux mourir, je veux désangoisser, mais faut les calmants mademoiselle dit-elle à elle-même.

Je veux tuer mon cancer, il dégonflera et c'est une libération. La Chose tuée. Morte. Gerbée. Mais en vrai c'est moi qui me meurt.
Soufflé par Delirium, le Samedi 22 Octobre 2011, 21:10 dans la rubrique "Actualités".
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