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Le jour se lève, ça vous apprendra.
C'était y a 15 ans y a 3 jours.
J'ai les marques des gens sur ma peau. Comme une empreinte, une gravure sur la peau, un tatouage lourd, une marque, une présence, des étreintes, des mains, des doigts, des goûts, des odeurs. Une pause. Des regards qu'on n'oublie pas. Des choses immatérielles qui dansent entre nous. Autour de moi. L'ambiance. La résurrection de la considération. Redécouverte. Ca fait du bien, des gens comme ça.

Mon corps se souvient bien des poses, des touchers. De la danse des doigts. Quand on effleure. Qu'on le sent jusqu'aux nerfs, jusqu'aux os, jusqu'au fond du ventre.

Je suis un souvenir. Je suis plusieurs.
Je suis possédée. Par la mélancolie et par l'envie.

*

L'araignée tisse sa toile, je sais que c'est un lapsus, que j'avais vu que la moitié de ses pattes, que j'avais pas tout compris. Mais y en a eu deux. Une qui tisse autour de l'autre qui ne tenait qu'à un petit fil. Maintenant c'est tissé ailleurs. Il en reste qu'une. Et le paresseux a accepté. Et on n'est plus dans une forêt. Ni dans un sous-sol humide. On apprend le feu et le dessin et le four et l'electricité et l'eau courante.
L'araignée a retenu la phrase silencieuse de curiosité. Elle l'a répétée à ces amies. Parce qu'elle connait que ça, comme vie. Qu'elle a oublié le reste. Que c'est tout ce qu'elle voit.

Je pense aux gens, aux jeunes, rencontrés là-bas où on prend soin de la santé, ceux qui sont revenus plusieurs années de suite. Et à ceux rencontrés ici. Et y a de la différence. Entre maintenant et avant. C'est pour ça que j'y pense. Pour garder un souvenir idéal. En un an les souvenirs changent. Là ils sont beaux. Et c'est passé. On a plus grand chose de pareil. Juste ces moments-là. Cette année où on avait tout fait pour faire un spectacle et qu'on m'a tout de suite mis dans la peau de l'alcoolo. Et que j'aimais bien, c'est pas compliqué à faire, de parler sans que les autres comprennent. C'est une liberté que je m'étais autorisé pendant deux semaines. C'est resté dans les mémoires. Et ces beaux yeux bleus. Qu'on avait oublié. C'était bien. Les matins, les soins, ça compte plus.
Envie de dire que c'est fini, tirer un trait. Laisser des grands silences entre ces personnes-là et moi. On n'a plus rien en commun, c'est comme ça, on a tous changé. Ca me va, comme ça. C'est égoïste, mais quand on se revoit on a rien à dire. Et j'ai plus envie de faire d'efforts de considération. Parce que quand c'est que dans un sens, ça sert à rien. Et là l'histoire du passé c'est juste pour faire beau. Parce que la vraie raison c'est les caractères. Et qu'elles seraient pas d'accord, forcément. C'est pas elles qui sont genées. Clac je te ferme la porte sur ton nez.

Quand je tourne la cuillère dans la tasse c'est contraire au temps. Et aujourd'hui c'est bruyant. Parce que la chanson, c'est pas la mienne, c'est la sienne, et elle est morte. C'est du chocolat à l'eau.

Ca m'a manqué cet endroit. Cette ambiance. Bleue. Et jaune. J'aimerai bien aller à la mer.

Le temps sent bon, il sent le pain chaud des pizzerias, des boulangeries le matin, le café, le pain grillé. Le soleil qui se couche et qui embrasse l'horizon d'une bonne nuit.

Mon oreille me fait mal. Et j'ai la gastro.

Considération. Il a fallu que j'aille la-bas pour voir ce que ça veux dire. Il a fallu que je revienne ici et que je la revoies. Une dernière fois, sans doute. Parce que le rose barbie-poli m'interesse pas. Ca veut dire que j'ai pas fini de voir.

Je suis une gamine, je suis con, d'ailleurs je suis un garçon, parce que j'ai (plus) envie d'essayer arranger les choses et que les filles elles veulent toujours tout arranger. Je ne suis donc pas/plus une fille. Peut-être que je suis un lézard.

J'ai encore l'empreinte de ses lèvres. De sa langue. Chut.

Et quand je rouvre les yeux je suis déçue de voir. Les objets, les limites, les formes, les couleurs prédéfinies, pourquoi c'est pas comme je veux.
C'est un lien qui unit les gens, la vision. La réalité. Les choses qu'on peut distinguer, définir, expliquer, détailller jusqu'à l'atome près ; comme une illusion. C'est le reste la vie. Savoir comment a été fabriquée une fusée ne m'aidera pas à prendre les bonnes décisions. Mais y en a ils ne voient que ça, ils sont tellement absorbés qu'ils ne jugent que par leur yeux, même s'ils sont presbytes ou asthygmates. Ils en oublient le reste. Et voient mal. Completement dans le flou. Sans le savoir.

J'aime les pique-niques. Au tout début l'homme faisait des pique-nique tous les jours. On mangeait par terre. Pis on a inventé les chaises et la hiérarchie est apparue avec. A partir de là on mangeait plus équilibré, parce que les chaises coutent des efforts et de la force et du temps. Et on a été obligé d'inventer les tables, pour montrer qu'on est plus important, parce qu'on a plus de temps et de force. Pour pas qu'on permette aux gens qui pique-niquent de se mélanger aux gens des tables. Comme les pique-niqueurs ont capté comment faire des chaises et des tables, les autres ont fais les tables de multiplication, pour les dérouter. Ca a marché. Pas pour tous. Mais ça faisait une différence d'esprit, d'intelligence. Et là, pas moyen de tricher. Depuis ce temps les gens font tout pour être meilleurs que les autres et les empêcher de se mettre au même niveau qu'eux, même s'ils ont tous la même tête et le même sang qui coule dans les veines et dans le coeur. C'est ça être intelligent.
Ca leur apporte pas plus de bonheur ou plus de temps pour vivre. Ca leur apporte pas non plus plus d'humanité ou de qualités.

J'avais oublié qu'on pouvait prendre le temps de vivre. Qu'on pouvait se faire plaisir. Que tout faire à la va-vite n'apporte que du stress et que ça sert à rien de stresser. Ni de mettre la pression. Et que le temps est maléable, qu'on peut en faire ce qu'on veut. C'est bien de traîner. Ca faisait longtemps, ici. La bas c'est tous les jours, c'est comme des vacances ailleurs. C'est partout ailleurs des vacances. Et moi aussi je veux offrir des vacances à quelqu'un.

Ca y est j'ai enfin les dossiers, faut juste que je les complète et que je les renvoie. Et c'est bon. Faut que je trouve un endroit pour bosser aussi. Mais je vais demander à l'école qui m'acceptera de me donner un coup de main, si j'y arrive vraiment pas.
Soufflé par Delirium, le Vendredi 3 Mars 2006, 21:27 dans la rubrique "Actualités".
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