Ce soir je vais me sentir mal, parce que je vais l'appeler et ça va me faire mal, toute cette distance, les ondes, tout ça. Parce que je l'aime et que j'ai peur de me blesser avec mes paroles et mes bégaiements. Ces illusions perdues, et sa vie à elle, moi je voudrais la voir, l'avoir comme copine, comme voisine, comme gardienne d'immeuble, pour me cacher dans sa loge, dans son chez elle et on parlerait énormément, et moi je l'aimerais plus que tout, Et en fait elle serait devenue ma maman. (pas ma mère, mais ma maman) Et elle m'aiderait à aller mieux ou à me tuer, un des deux, je ne sais pas trop. Me tuer, me tuer, me tuer, me tuer, me tuer, me tuer, me tuer, j'en rêve, j'y pense de plus en plus souvent, sauter ou courir devant les voitures, sous le métro, dans le périph, du toit, et ma mère je comprends qu'elle ne me fait pas confiance même si ça fait mal d'entendre ça, elle ne me fait pas confiance. Médocs, psychiatrie et compagnie.
J'ai peur j'ai peur j'ai peur de demain, de jeudi, de vendredi, de samedi.
Je m'occupe, je gratte, je lis deux-trois pages, j'arrête, j'écoute de la musique, je marmonne des chansons, je perds mon temps au lieu de le gagner, le temps c'est de l'argent, je perds de l'argent.
Les volets sont fermés comme d'habitude, par peur que le ciel me tombe dessus, que l'obscurité m'étouffe ou me libère, comme quand je criais avant, dans la rue je chantais, je faisais semblant, et je décompressais comme ça, dans les extrêmes. Moi je cours, je chante, je rigole fort, j'écoute et mets toute mon énergie pour aider la copine, celle qui ne donne plus de nouvelles, celle dont j'ai rêvé cette nuit. Je suis triste sans savoir pourquoi, mais ça a sûrement un lien avec elle, avec ce rêve vide, où plus personne n'habitait dans son chez elle, son ancien chez elle... Des souvenirs, peut-être qu'elle m'a oubliée, moi non, je n'oublie pas comme ça les gens. Je les mets derrière mon cerveau dans un tiroir et je ne les oublie pas.
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