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Le jour se lève, ça vous apprendra.
Il était un mot, "famille", au passé.

Pas d'Amour, que de la Haine-mon-amour. Ils se sont fait la guerre toute leur putain de vie bordel, j'ai grandi en voyant ces débris de canons, de fusils, de balles, d'explosifs, tout ça entre eux, et moi ils me mettaient au milieu, ils pouvaient pas me mettre sur le côté, non, fallait que j'assiste à leurs viols mutuels, à la bataille qu'ils entreprenaient chaque jour l'un contre l'autre, de la Haine mon cœur, de la Haine pure et dure, pure et simple. Et moi je les voyais se battre à coups de marteaux et de flèches empoisonnées, des bombes -quel Amour !- de Haine et j'ai appris à les hainer eux aussi comme ça se passait entre eux. Pourtant j'avais rien fait à part naître. C'est ça ma pierre tombale. Je suis née. Je suis née dans une guerre dont j'étais l'objet inconscient pour lequel ils se battaient et hurlaient et tapaient dans les murs et dans les gens, et s'envoyaient des fourchettes aiguisées pour rendre l'autre aveugle. Et moi j'étais obligée de voir ça. Comme si on m'avait sorti de mes barbies et de mes legos et qu'on m'avait attachée à une chaise et qu'on m'avait dit : regarde, et je t'interdis de fermer les yeux et les oreilles.

Et après ils sont partis chacun de leur côté en m'emmenant et ils me disaient je t'aime, mais comment peut-on aimer après tant de haine ? Où est la Haine, où est l'Amour ? Tout se mélange et c'est dégueulasse comme du vomi d'alcoolique, alors je préfère m'acheter de l'alcool et manger de la chimie plutôt que de répéter ça, plutôt que de ressentir ça à nouveau, plutôt que de vivre ça, et de m'en souvenir, parce que je sais que je suis toujours au milieu, quand il me dit "ta mère", quand elle me dit "ton père" c'est à moi qu'on s'adresse, qu'on agresse, comme si tout était encore frais et encore ma faute, la faute à ma naissance. Je ne peux plus les croire, je ne les ai jamais crus quand ils me disaient "je t'aime", ils me le répètent encore, mais je ne les crois pas, ça ne veut rien dire du tout, tout ça, ce ne sont que des mots cache-haine, cache-honte, cache-truc, cache-dégoût, cache-machin, cache-mépris...

Je n'ai aucune béquille de secours entre eux deux, ils se détestent par moi, par mon intermédiaire, et je joue comme intermédiaire, comme médiateur, comme contrainte, parce que je les lie sans vouloir pour autant le faire, mais je suis là, c'est trop tard, haïssez-vous par moi, et je vous haïrais comme vous haïssez tout ce qui est "famille", tout ce qui peut vous rattacher encore l'un l'autre, nom de famille, carnet de famille, et... moi.

Alors dans cette ambiance de haine et de persécution, comment faire confiance à l'un ou à l'autre ? Ils se hurlaient dessus entre eux, adultes. Je ne veux pas qu'on me hurle dessus ni qu'on me tape, je ne veux pas devenir -être- adulte parmi eux, je veux être à l'écart et découvrir ce que veut dire le mot Amour véritable, sans cachoteries ni mensonges, juste du concentré d'Amour qui tomberait sur moi comme la pluie, comme une rivière, comme la mer, comme l'océan, comme les larmes qui ont coulées de mes yeux pendant toutes ces années. Je veux y plonger et qu'on arrête de me rattraper par des faux "je t'aime, mais en échange donne-moi de l'argent", je veux plus, je ne veux plus les croire, ni l'un ni l'autre, ils se sont trahis eux-mêmes chacun leur tour, ils ont montré leur vraie nature haïssable et méchante envers ceux qu'ils veulent, radoteuse, puérile. Ce ne sont que des enfants à ma charge. Non rémunérée. C'est de l'exploitage. De l'esclavage. De la pitié mauvaise. Mais tellement dépendante.

Peu importe, je rejoue, je joue mon rôle de "trésor", et je cacherai et mentirai, tellement bien que je me tromperai moi-même. Je ne pleurerai plus, je ne donnerai plus de coups de pieds, de tête, de poings envers eux. Que sur moi, dans mon ventre, dans ma tête, dans mes jambes, dans ma poitrine, et le cœur se fendra et je deviendrais leur parfaite copie. Et j'aurais une raison de me foutre en l'air.

Soufflé par Delirium, le Mardi 31 Mai 2011, 16:25 dans la rubrique "Actualités".
Continuer le souffle



Vitesse du vent :

  stupidchick
stupidchick
31-05-11
à 16:31

Jl'ai lu ce matin chez ton autre chez-toi.

C'est...comment dire? inspirant (ça existe ce mot?) comme revenir aux origines du mal.

bisous bella
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  Deliriumtresmince
Deliriumtresmince
31-05-11
à 16:39

Re:

Oui, c'est le matin qui m'a inspiré. Si tu le comprends, le début, c'est déjà ça de gagné.

Bisous chewie.
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  Deliriumtresmince
Deliriumtresmince
31-05-11
à 16:42

Re:

Je vais essayer de l'imprimer pour montrer le texte à la psychologue. Je crois que ça sera un bon début.

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  alberto
alberto
31-05-11
à 18:41

Cher Delirium, je ne peux pas lire tes lignes comme ça en passant, sans te répondre au moins par un petit signe, un sourire (imagine que je te souris), pour te dire courage, cela en vaut la peine ! Puisque tu es née, tu es pleinement digne ! Il y a beaucoup de haine parmi les gens, les couples, c'est vrai, mais je souhaite que tu rencontres quelqu'un qui te parle de l'Amour -l'Amour existe vraiment-, pour que tu te rendes compte que, fondamentalement, tu es aimée. Prends soin de toi, Delirium. Je souhaite aussi que ton psychologue t'aide autant qu'il le peut. La vie est devant. Sois encouragée. Je t'envoie toutes mes pensées pour que tu t'en sortes, pour que tu puisses construire ta vie indépendamment de ton passé. Que les souvenirs ne te fassent plus souffrir, et que la culpabilité ne t'accable plus car tu n'y es pour rien. Tu as simplement le droit de vivre, d'aimer et d'être aimée. Tu y arriveras, j'en suis sûr ! Amitiés.
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  Deliriumtresmince
Deliriumtresmince
31-05-11
à 19:14

Re:

Alberto :  :)

Merci mais je n'en suis pas pleinement convaincue. Je me bats pourtant. Contre moi.

Amitiés
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  alberto
alberto
31-05-11
à 19:56

Re:

Tu te bats, c'est bien. Mais ne te fais surtout pas de mal ! Ne te fais pas de mal ! Tu y arriveras !
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