Une femme dans le métro. Un homme qu'elle connait lui dit quelque chose. Ils sont assis l'un en face de l'autre. Elle commence à pleurer. Elle a la Douleur dans ses gémissements, ses larmes, ses cris. Son frère est mort, elle vient de l'apprendre par l'homme. La femme assise à côté d'elle lui prend la main et lui dit des choses que je n'entends pas. Je me lève, lui donne un paquet de mouchoirs. Des stations défilent, mais pour elle le temps s'est arrêté. La femme à côté d'elle sort, c'est sa station. Je me lève et prends sa place. Je lui prends la main, je lui essuye les larmes, je chuchote un peu, je lui fait un câlin, je lui fait des bisous sur la joue. Ca me fait mal le décès de son frère malien. Je ne sors pas à ma station, je continue jusqu'à plus loin, à leur station. Une femme africaine vient et lui parle, elle essaye de la consoler, mais est-ce que c'est vraiment le moment de dire "c'est la vie, ça arrive" ? C'est PAS LE MOMENT. Pas selon moi. On sort, je la prends dans ma bras, je suis petite par rapport à elle, je suis sur les pointes de mes pieds. L'homme qui se dit être son frère, que je ne crois pas d'ailleurs parce qu'il a hésité sur plusieurs mots avant de dire "je suis son frère ", l'homme remercie et l'autre femme dit que c'est touchant, que c'est gentil. Mais moi je ne veux pas la laisser...

L'homme n'aurait pas dû annoncer ça comme ça, sans aucune pudeur, dans le métro, et sans la consoler. Ca ne PEUT PAS être son frère.

Elle avait encore mes mouchoirs, elle m'a dit merci en me regardant, de ses yeux rouges. On s'est séparés, je tremblais de tristesse, de chagrin. Aujourd'hui, elle a appris que son frère est mort. 

Peu importe la couleur de la peau. On a le même coeur, le même sang.

Je tremble encore.