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Le jour se lève, ça vous apprendra.
La Douleur du Trou Noir, béant, aspirant tout.
--> Respirant les camions-bennes.

Je vais pleurer de chagrin vide si quelqu'un ne vient pas me sauver. Si quelque chose n'arrive pas je vais m'en aller dans le vide cotonneux de la tempête dehors. C'est comme elle a dit, tu connais des accords ? j'ai dis non, elle a dit, et l'arpège ? j'ai dit non, elle a dit pfff. Genre je peux pas apprendre, je suis incapable, je suis une sans-mains, sans cerveau, sans mémoire. Et je me suis sentie très idiote et très nulle sur le coup. Mais je suis sûre que j'aurais pu apprendre l'arpège. Ca doit pas être si compliqué que ça, si tant de gens y arrivent. Mais peut-être qu'il faut les doigts pour, et que je les ai pas, ils sont trop petits. J'en sais rien. J'en saurai jamais rien de toute façon. C'est comme les femmes battues, on n'en sait jamais rien, c'est secret. Secret.

C'est tellement obscur et vide en moi que je pourrais y brûler tous les bouquins que j'ai lu, et ceux que j'ai, et ceux que je n'ai plus, et je m'étoufferai même pas tellement y a de place. C'est vide, pourri ou neutre ou lavé à l'eau de javel, à canard wc ou à la brosse à dent, peut importe, c'est le Grand Canyon avec un déluge dedans, un déluge de pensées arachnidées. Le monde entier ne suffira pas à compenser ce vide.

J'essaye avec des cachets, pour voir, pour vérifier si je ne suis pas encore un cas désespéré. Si la chimie change, se reproduit et fait des petits atomes qui en font d'autres etc pour remplir ce grand vide intersidéral.
Oui la tempête autour de moi me fait danser sous la pluie qui joue des notes de musiques quand elle me touche, c'est absolument magnifique. Magique. Et le vent me soulève un peu, et je me rends compte que je fais partie d'un vide colossal, que je ne suis qu'une toute petite poussière, une infinité de neurones réduits en poussière, qui se sent vide, vide désastreux. Que tout est vide autour de moi, que rien ne sert de se dépêcher, les fables de ce cher La Fontaine ne se vérifient guère, le Temps n'existe pas, le point A et l'arrivée au point B non plus, ce n'est qu'une histoire de dimensions.

Tout est vide, tout est noir, tout me fait intensément mal, douleur poussièreuse, comme quand on jouait dans le sable et qu'au final on en avait partout même dans la culotte et qu'il fallait passer par la douche pour être présentable, propre, mais pour quoi faire puisque le lendemain on allait refaire les mêmes choses ? Parce que le Temps T existe dans nos têtes. Et le charbon, la fumée de cigarettes, je suis en charbon en moi, j'absorbe tout et ne laisse rien subsister. Colère et Temps passés, autant que les dunes du désert aride, il fait chaud, il fait lourd, il fait des tonnes sur les épaules et le Vide dans le ventre. Mais la pluie danse autour et je regarde, j'observe, j'écoute, je reste dans le flou.

Je suis sûre que je peux l'apprendre, cet arpège de mes épaules. Ce qui me fait vomir à longueur de temps, de journées et de semaines, de la boue par la bouche, y en a entre les dents, alors le déluge revient et je me rince la bouche et la pluie chante de jolies chansons qui occupent les oreilles entre le Vide et le Trou noir de charbon. Tout se disloque comme des dents qui tomberaient les unes après les autres. Cocktail de dentifrices, de colle à dents, d'appareil dentaire, parce que la Parole tue en silence, le long des années, le long des dents, le long des virages souterrains, le longs des crashs des avions qui volent volent volent et paf le chien mais ils auront volés au moins.

Peut-être qu'écrire me rempli de mots, de sentiments fouttoirs, de sensations diverses, moi je voudrais un pansement sur le Vide de mon ventre, un bout de scotch sur le charbon-poussière, que même s'il se décolle d'un coup j'aurais pas mal parce qu'il ne colle déjà plus... Une infinité de poussière le long des joues, en remontant on y trouve des yeux noirs, obscurcis par le noir du Vide et l'aveuglement des chagrins que je pleure, je pleure et tout est noir, boue, eau salée noire, je vais tous les noyer et moi avec. Je n'ai plus rien à perdre, et eux, rien à gagner. Si tu savais comme j'ai mal de ce Rien. De ce Vide. De tout ça. J'ai mal, j'en fais des cauchemars et je tourne en rond dans mon lit dans la pièce, je vais aux toilettes pour vomir ce qui ne digère pas même avec le charbon. Je suis un volcan en éruption et je m'en fous complètement de ta Crète, je veux être, je veux être, c'est-à-dire avoir quelque chose à dire, à faire, quelque chose de pas vide, de pas rien, de pas trop, de pas pas assez, de parler de choses qui se disent, et d'un mélange de tout ce qu'on a inventé depuis des lustres, mais juste garder le précieux et ne pas l'oublier, ne pas le laisser couler parmi le reste des crocrodiles du ventre, du Temps, du Volcan, du chien enragé. De la pluie douce et pas de tempête. Lave-moi, petite pluie, et fais moi renaître dans le bon Monde, dans le bon Sens. Dans la bonne Vie. Celle sans Trou Noir.
Soufflé par Delirium, le Samedi 3 Septembre 2011, 21:05 dans la rubrique "Actualités".
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